Cherbourg

Après avoir passé quelques jours agréables à Dunkerque et finalisé la préparation du bateau, il est temps d’envisager la suite. Idéalement, nous aimerions gagner Cherbourg au plus vite. Néanmoins, la navigation entre Dunkerque et Cherbourg est longue, environ 180 miles nautiques et nous avons peu navigué cette année. Nous hésitons avant de nous lancer. Toutefois, je scrute les prévisions météorologiques. Une fenêtre de vent Est à Nord-Est se profile pour le mercredi 27 Juillet. Comme d’habitude, les deux modèles de prévision sur lesquels nous nous basons habituellement ne sont pas parfaitement concordants. Le modèle européen, qui a généralement ma préférence, annonce un vent soutenu mais maniable, entre 15 et 25 noeuds et une mer belle à peu agitée. C’est le type de conditions que nous recherchons. Par contre, le modèle américain global prévoit des pointes de vent à 30 noeuds et une mer agitée. Clairement, alors que nous n’en sommes qu’au début, nous souhaiterions éviter pour l’instant des vents trop forts et une mer agitée. Cette discordance renforce donc encore nos hésitations.

Nous décidons toutefois de sortir du bassin du commerce de Dunkerque avec l’écluse de 9h00 le 27/7. Nous mettons le cap vers Boulogne avec l’intention d’y réévaluer la situation en fonction de la force du vent, de l’état de la mer et de l’équipage. Le vent est très faible à la sortie de Dunkerque et nous commençons par faire deux heures de moteur. Après le passage de Dunkerque Ouest, le vent se lève. Nous nous plaçons au vent arrière et naviguons avec le génois tangonné en ciseau. L’allure est agréable et nous progressons assez rapidement jusqu’au gris nez que nous atteignons fin d’après-midi. Les conditions ont l’air maniables. Tout le monde va bien à bord. C’est décidé, on continue jusqu’à Cherbourg. Après un bol de pâtes bolo, je propose d’aller me reposer un peu en prévision de la nuit. Anne-Lise et Charlotte passent la soirée dans le cockpit. Je ne dors que d’un œil. Je dois me réhabituer aux bruits du bateau. Je me lève pour faire la vaisselle, contrôler la direction et la force du vent… Vers 21h00, je quitte définitivement ma couchette pour venir rejoindre Anne-Lise dans le cockpit. Nous passons une demi-heure agréable ensemble et puis elle part se reposer alors que je reprends la direction des opérations. Nous faisons une descente sud à sud-ouest en direction de Dieppe. Le vent est bien établi à près de vingt noeuds et la progression est rapide. Je dois modifier une première fois la route pour éviter un groupe de bateaux de pêche alors que la mer grossit peu à peu et devient franchement désagréable. La température chute également, m’obligeant à enfiler la veste de quart. Je tiens bon jusque minuit, heure à laquelle Anne-Lise me rejoint. Je reste un peu à ses côtés et nous empannons à nouveau pour reprendre un cap un peu plus favorable. Le vent nous aide toujours bien mais la mer s’agite. La concentration sur les manœuvres me rend un peu malade et je suis franchement soulagé de pouvoir aller me reposer.

Je ne dors à nouveau que d’un oeil car la mer est courte et croisée. Je rejoins Anne-Lise vers 3h00 du matin pour prendre le relais. Ce deuxième quart est beaucoup plus calme car je ne dois pas manoeuvrer. Je suis heureux de voir arriver la lumière du jour. Les vagues restent grosses et je conserve un fond de mal de mer. Anne-Lise me rejoint. Charlotte se réveille vers 9h00. Elle a la force de monter dans le cockpit prendre un petit déjeuner mais elle est franchement malade. La mer tarde à l’aplatir. Vers 16h00, le vent faibli. Nous roulons le génois et envoyons le spi, ce qui nous permet de récupérer une vitesse de 6 noeuds et rend les mouvements du bateau plus supportables. Malheureusement, l’embellie n’est que de courte durée car le vent tombe complètement après une heure. Impossible de maintenir les voiles gonflées, nous sommes contraints de tout affaler et de terminer la route au moteur. Nous amarrons à Cherbourg vers 21h00.

En résumé, nous ne regrettons pas d’avoir choisi cette fenêtre météo car elle nous a permis d’atteindre Cherbourg en peu de temps et sans faire trop de moteur. La mer a été plus désagréable que prévu et cela a pesé sur nos estomacs non encore amarinés.

L’infrastructure portuaire de Cherbourg est remarquable. La ville est agréable et offre diverses possibilités touristiques. Nous y visitons d’abord la cité de la mer. Il s’agit d’un musée moderne qui comporte trois parties: la visite du redoutable, un sous marin nucléaire Français, une exposition consacrée au Titanic et à son naufrage et enfin une exposition sur le milieu et l’exploration océanique. Nous profitons pour flâner un peu dans l’agréable centre ville. Impossible de passer à Cherbourg sans passer par la manufacture des parapluies  » Le Véritable Cherbourg » dont la visite vaut le détour. Nous terminons par la visite du parc Emmanuel Liai.

Cette belle étape est toutefois ternie par l’annonce du décès de mon grand-père maternel. Je lui souhaite beaucoup de paix dans son dernier voyage et toutes mes pensées accompagnent le reste de la famille.

A bientôt,

Gregory.