Guernesey – Sark

Après trois belles journées passées à St. Anne, nous décidons de reprendre la mer en direction de Guernesey. Une étape longue d’un peu plus de 20 miles nautiques, soit environ quatre heures de navigation. Le temps est ensoleillé, la visibilité est bonne, le vent est favorable et l’état de la mer acceptable. Par conséquent, nous empruntons deux chenaux entre les îles: le Swinge et le « Little Russel ». Ces chenaux sont réputés pour leurs forts courants. L’approche de Guernesey via le « Little Russel » impose de suivre deux alignements successifs. C’est très prenant même si la technologie GPS et les traceurs de cartes modernes relèguent au second rang ces techniques de navigation. Qu’à cela ne tienne, nous nous prêtons toutefois au jeu pour notre plus grand plaisir.

Nous arrivons à St Peter port (Guernesey) en début de soirée. Le « harbour master » nous oriente immédiatement vers les pontons d’accueil qui sont, et ce n’est rien de le dire, littéralement bondés. Comme toujours, il n’y a pas assez de vent en mer et trop de vent au port et nous allons encore devoir jouer à Tetris avec les bateaux. Heureusement, nous nous amarrons facilement à couple d’un autre bateau Belge. Ce n’est que le lendemain matin, lorsque la hauteur d’eau est suffisante, que nous avons le privilège de rentrer dans la marina « Victoria ».

Au delà de ces considérations purement maritimes, arriver à Guernesey est pour nous l’occasion de reprendre une bouffée d’air Britannique, notre madeleine à nous. Nous humons donc l’écume des souvenirs en parcourant les rues commerçantes de St. Peter ainsi que les rayons du Marks & Spencer.

Nous y visitons également le Château Cornet, une fortification qui domine l’entrée du port et témoigne à nouveau du passé belliqueux du continent européen et de l’importance stratégique de ces îles. Dans un tout autre style, la maison Hauteville, seconde demeure de Victor Hugo lors de son exil à Guernesey, offre une vue imprenable sur la baie de St. Peter. Sa visite est un voyage dans la vie de l’auteur, de l’artiste et dans son oeuvre.

Vient ensuite l’heure de penser à la prochaine étape. La contrainte de la marina Victoria est que nous ne pouvons la quitter que vers la marée haute, ce qui tombe pour nous en milieu de nuit ou fin d’après-midi. J’exclus d’emblée un départ nocturne qui ne me paraît pas prudent dans ces eaux parfois difficiles à naviguer et que nous ne connaissons pas. J’exclus aussi une arrivée de nuit dans un port inconnu pour les mêmes raisons. Nous sommes donc contraints à un départ fin d’après-midi et à une navigation relativement courte pour éviter une arrivée nocturne. Le météo étant particulièrement favorable, nous optons pour un mouillage (baie ou l’on peut s’ancrer pour la nuit) au sud de Sark. Le vent étant de secteur nord et la houle non significative, nous devrions être bien abrités. Nous mettons deux heures pour atteindre la baie et mouillons l’ancre. Le cadre est paradisiaque et nous commençons par un petit plongeon autour du bateau. Une fois remontés à bord, nous nous rendons compte que, malgré ces conditions apparemment idéales, le bateau roule en raison d’une houle non attendue, orientée au sud-est et qui entre dans la baie. Le bateau bouge tellement qu’il est difficile pour nous de trouver le sommeil. Nous estomacs supportent aussi difficilement cette nuit chahutée à tel point que nous anticipons légèrement le départ le lendemain matin. C’est ça aussi la vie sur un bateau.