Une fois les problèmes techniques réglés, nous nous mettons à chercher une fenêtre météo pour quitter Lanzarote en direction de Madère. Ce n’est pas forcément chose aisée dans la mesure où les vents du secteur nord sont dominants aux Canaries. Nous cherchons donc deux jours de vent de Nord-Est voire d’Est pour pouvoir naviguer avec le vent de travers en direction de Madère. Nous ne sommes pas les seuls à poursuivre cet objectif, tant et si bien que durant une bonne semaine, nous nous réunissons vers 11h00 pour prendre un café chez « Amélie » avec les chefs de bords des voiliers Picasso, Tarumba, Pika-Tetu et La Perla 4. La situation n’est pas claire. L’orientation du vent nous paraît toujours « limite » et la mer difficile à passer. Par conséquent, et durant une bonne semaine, nous post-posons la décision de départ et reprenons rendez-vous pour un nouveau « café météo » le lendemain à 11h00 chez Amélie.
Comme tout vient à point à qui sait attendre, une fenêtre météo finit par s’ouvrir pour le dimanche 26 mars. Il faut contourner Lanzarote par le sud et puis faire une route directe vers Funchal (Madère). Le contournement de l’île s’annonce aisé mais nous savons dès le départ que les premières heures de pleine mer ne seront pas faciles. Nous naviguerons au près, dans du vent fort et une mer modérée mais de face. Il ne nous faudra pas non plus traîner en chemin car le vent faiblit à notre arrivée à l’approche de Madère et nous voulons éviter autant que possible de terminer par de longues heures de moteur.
Quatre bateaux larguent les amarres entre 8 heures et 9 heures le dimanche 26 mars. Nous descendons le long de la côte est au vent arrière avant de contourner l’île par le sud. Le vent forcit à la pointe. Nous prenons deux ris dans la grand voile et hissons la trinquette. Le vent faiblit lorsque nous passons sous l’île, nous obligeant à larguer les deux ris et faire un peu de moteur. Nous ne perdons rien pour attendre, une fois sortis de l’abri offert par Lanzarote, le vent s’établit à 20 nœuds et la mer se forme. Lady Mi passe bien la mer, mais ce type de navigation est épuisant en raison de la gîte et des mouvements imposés par les vagues. Le loch affiche de bonnes vitesses, souvent autour de 6 nœuds, ce qui nous réconforte. Après quelques heures, nous organisons les quarts. Les repas sont réduits à leur plus simple expression. On grignote plus que l’on mange. Anne-Lise et moi ne sommes pas franchement malades mais nos estomacs ne sont pas à la fête. Nous arrivons quand même à dormir en alternance et le sommeil nous fait beaucoup de bien. Le vent commence à faiblir vers 3 heures du matin. Nous profitons d’être à deux sur le pont au moment d’un changement de quart pour larguer les deux ris et surtout, affaler la trinquette et dérouler le génois. Je veux maintenir la vitesse du bateau coûte que coûte pour deux raisons. Premièrement, lorsque le bateau avance bien et porte les voiles adéquates, nous subissons moins l’effet des vagues et le confort à bord est meilleur. Deuxièmement, nous voulons engranger un maximum de miles avant que le vent ne faiblisse de trop.


La levée du jour nous apporte, comme souvent, son petit lot de réconfort. La mer se range petit à petit et le vent prend une direction plus favorable. Lady Mi file en route directe sur Madère à une allure bien plus confortable que la veille. Le petit déjeuner est encore frugal mais on sent l’ambiance du bord se réchauffer. Nous reprenons contact radio avec les trois autres équipages pour qui la nuit n’a pas été simple non plus. Nous sommes contents d’échanger nos expériences. La tendance à l’amélioration se confirme en cours de journée. Seule ombre au tableau, la ligne de pêche reste désespérément silencieuse. Durant la deuxième nuit, le vent continue à faiblir. Qu’à cela ne tienne, nous hissons le spi vers 2 heures du matin pour éviter de devoir faire du moteur. Vers 9 heures, nous sommes à une bonne dizaine de miles de Madère. Le vent tombe complètement. Nous rangeons le spi et concédons deux petites heures de moteur pour rejoindre Funchal, la capitale de l’île.


Nous avions envoyé un mail de réservation avant de quitter Lanzarote et contacté la marina grâce au téléphone satellite la veille. Malheureusement, ils semblaient dans l’impossibilité de pouvoir nous accueillir. Nous étions donc prêts à mouiller l’ancre à l’arrivée. Par acquis de conscience, je contacte le port par radio peu avant notre arrivée. Coup de chance, ils nous attendent et nous indiquent où amarrer Lady Mi à notre arrivée. L’ambiance est chaleureuse et l’île semble magnifique. Nous sommes comblés.

Comme souvent après une navigation un peu plus longue, nous passons les deux premiers jours à ranger le bateau, laver le linge sale et prendre un peu de repos. Rapidement, nous partons à la découverte des rues de Funchal. Il y a du monde, beaucoup de monde, mais la ville est aérée. Nous avons l’impression que chaque ruelle, place ou parc rencontré au hasard de notre déambulation est une bonne surprise.






Funchal est une étape au parfum très particulière car ma maman nous fait le plaisir de venir nous rejoindre pour 15 jours. Elle accepte même de séjourner une semaine à bord du bateau, ce qui constitue une occasion exceptionnelle pour partager avec elle l’ambiance du voyage. Nous profitons aussi de sa venue pour octroyer à Charlotte ses premières vacances scolaires depuis le début du voyage. En effet, dans la mesure où nous ne faisons pas école durant les navigations et les jours, peu nombreux, de grandes excursions, il n’y avait jamais eu de vraies vacances scolaires à bord. Cette pause nous permet ainsi d’explorer l’incroyable diversité des paysages offerts par l’île.












Après quinze jours formidables, il est temps de dire au revoir à Mamyda. Nous faisons une dernière randonnée en compagnie de l’équipage du voilier Pika-Tetu et reprenons le rituel de l’analyse des prévisions météorologiques. Notre prochaine grande traversée doit nous emmener aux Açores. Il semble néanmoins qu’il ne soit pas encore l’heure entreprendre cette navigation. Il est un peu tôt dans la saison et les Açores sont encore balayés par de puissantes dépressions. Nous prenons donc la direction de Porto Santo, toujours dans l’Archipel de Madère.