Mensiversaire

Nous avons quitté notre petite maison il y a 1 mois. Depuis notre départ de la gare des Guillemins à la Baie de Morlaix où nous sommes arrivés, un début de chemin a été parcouru.

La petite escapade du côté des îles anglo-normandes nous a fait le plus grand bien. En toute subjectivité assumée, la culture britannique continue de nous fasciner (ou est-ce simplement un rappel des belles années ?). Le port fleuri, les rues piétonnes, les églises chaleureuses, les pubs faussement désuets dégagent une atmosphère particulière. Nous y avons même croisé Punch et Judy (le pendant beaucoup plus déjanté de Tchantchès et Nanesse – désolée pour la team Guignol). Avant de regagner le continent, les équipets sont chargés de denrées gastronomiques, pour faire durer le plaisir (et oui, nous accostons en France remplis de nourriture anglaise : je suis prête à défendre mes choix gastronomiques).

Bien équipés, nous mettons le cap sur Lézardrieux puis Trebeurden, et enfin Roscoff. La mer est constellée de rochers de granit rose, le soleil est au rendez-vous et même… les dauphins. Il semblerait que les dauphins soient de loin le meilleur remède contre le mal de mer. Ce n’est pas le traitement le plus simple à emporter avec soi, du coup le mal de mer reste présent en leur absence. A terre, nous avons d’abord rendez-vous avec les poneys, les activités de plage, le folklore et les randonnées (même si le piéton semble une espèce menacée). Une fois que nous sommes à court de vivres britanniques, nous nous rabattons sur les crêpes et galettes bretonnes. Nous sommes en sécheresse, ce qui est une rareté pour cette région réputée humide. Il n’y a pourtant aucune restriction sur le pétrole, et la mobilité douce peut être compliquée, voire périlleuse.

En 1 mois, nous avons découvert ce qui était essentiel et ce qui ne l’était pas, ce qui manque et ce qui finalement ne manque pas. Nous sommes surpris. En ayant le privilège du temps, les besoins matériels s’effacent. Contrairement à mon attente, il n’y a eu ni déconnexion, ni cocon de solitude, ni silence ; c’est plutôt le contraire. La mer n’est jamais silencieuse. La vie n’est plus cloisonnée par les séparations travail/famille/loisirs, et il n’y a plus de sas de solitude non plus. Le rythme a changé. La connexion est intense et physique, d’une part aux éléments (le soleil, la lumière, l’eau, le vent, la houle, le sel, la température), mais aussi au monde humain (les rencontres de ponton, la famille, la grande famille, les amis, le pays, le monde). Bien sûr internet est capricieux et le plus souvent absent, mais la dimension qui a changé est la dimension temporelle. Voici que nous avons le temps de lire les journaux, les livres, les romans, les essais que nous n’avions plus le temps de lire. Le cocon est percé de toutes parts par l’actualité, rarement gaie, qui nous parvient.

Publié par Anne-Lise

En pleine crise de la quarantaine au moment du départ, elle n’avait jamais navigué avant la naissance du projet. Cependant, elle vient d’une famille où le voyage est permanent, souvent pour étudier, pour travailler, pour sauver sa peau (parfois) ou par amour (aussi). Petite fille, elle aimait beaucoup l’école, donc ce projet a été un excellent prétexte pour retourner à l’école (le bateau, les télécommunications, les langues) ou apprendre sur le tas (à gérer le mal de mer, à gérer les stocks et l’énergie, à se débarrasser du superflu). Se retrouver en famille et renouer avec l’essentiel est l’atout majeur de ce projet.