Roscoff

Nous quittons Trebeurden un peu après 12h00, un compromis entre une hauteur d’eau encore suffisante pour aborder le chenal à marée descendante et la volonté de bénéficier d’un maximum de courant favorable pour aller à Roscoff. Le vent est faible mais la météo l’avait annoncé. Charlotte prend la barre pour dans le chenal alors que nous rangeons les pare-battages et établissons les voiles. Cette navigation va nous confronter à de nouvelles sensations, celles produites par la houle. En effet, une dépression située à l’ouest des îles britanniques amène une houle de nord ouest sur la pointe de la Bretagne. Nous savons que cette houle, plus ou moins longue et plus ou moins ample, va désormais rythmer nos navigations des prochains mois. Aujourd’hui, la hauteur est encore assez faible, de l’ordre du mètre, et la période est moyenne, 7 à 8 secondes. Le mouvement du bateau est doux mais il ne nous est pas familier. Associé à un vent trop faible pour stabiliser le bateau sur l’eau, le résultat ne se fait pas attendre longtemps; nous sommes tous malades. Charlotte commence, mais je ne tarde pas à suivre. Une fois n’est pas coutume, Anne-Lise ferme la marche. La situation reste gérable et la navigation est de courte durée. Nous n’avons malheureusement pas la possibilité de profiter du spectacle offert par la traversée de la baie de Morlaix car un épais brouillard l’envahit progressivement. Nous poursuivons la navigation à l’aide du radar qui nous est bien utile pour localiser un bateau de pêche et manœuvrer à temps pour l’éviter. Après un peu plus de trois heures, nous amarrons Lady Mi dans le port de Roscoff.

La côte de granit rose est maintenant bien derrière nous. Roscoff est une petite cité côtière qui porte les marques de différentes époques de l’épopée maritime du vieux continent. Les maisons y sont construites d’épais blocs de granit gris et leurs façades sont ornées de fenêtres à croisillons. En parcourant la ville, on imagine combien la nécessité de se protéger de la successions des tempêtes hivernales à la mauvaise saison a façonné ici l’habitat et le paysage de la côte. Le centre est coquet mais encore inondé d’un flot de touristes qui profitent d’un soleil généreux durant les derniers jours de vacances d’été.

A bord, nous préparons aussi la transition entre les vacances et la suite du voyage. Le rythme change progressivement. En matinée, chacun vaque à ses occupations: travaux scolaires, harpe, petites réparations et travaux d’entretien sur Lady Mi. Les après-midi sont davantage consacrées aux visites et autres jeux de plage.

Nous décidons de jouer les infidèles vis à vis de Lady Mi et empruntons un passeur pour aller visiter l’île de Batz. Cette île située au large de Roscoff peut être parcourue à pied. Elle offre un joli terrain de randonnée pédestre et de magnifiques petites baies où l’eau turquoise rejoint un sable fin et déjà bien blanc. Au large, la mer, calme en apparence, déferle sur les innombrables rochers qui affleurent l’eau.

Nous visitons également un splendide jardin exotique qui regroupe des milliers de plantes tropicales sur une surface de 16 hectares, une des fiertés de la ville.

Enfin, à seulement quelques centaines de mètres de la marina, nous découvrons une magnifique petite plage de sable blanc. L’endroit est de taille modeste, assez peu fréquenté et entouré d’une végétation presque luxuriante malgré la sécheresse. Nous y passons de très bons moments.