


Durant notre séjour à Roscoff, le vent était orienté à l’ouest, ce qui n’était pas favorable. Nous avions initialement prévu de quitter Roscoff le mercredi 24 Août en soirée car le vent allait progressivement s’orienter au nord-ouest. En prenant la météo la veille, soit le mardi 23 vers 21h30, je m’aperçois qu’un des modèles sur lesquels je base mes décisions annonce pour la nuit un vent sud-sud-ouest. J’allume la centrale de navigation qui me confirme l’orientation du vent. Il est faible mais cela semble jouable. Je discute avec Anne-Lise et nous décidons de partir dans l’heure, direction l’Aber Wrac’h. Nous prévenons Charlotte qui venait d’aller se coucher que nous naviguerons de nuit car les conditions s’y prêtent. Le bateau est prêt en une demi heure top chrono et nous larguons les amarres avec les dernières lueurs du jours. Nous commençons par 30 minutes de moteur pour nous dégager de l’île de Batz avant d’établir les voiles et de mettre cap à l’ouest. La mer est calme. Lady Mi avance à 4 – 5 noeuds puis ralentit avec la bascule de courant. Qu’importe ! Notre objectif est d’arriver à l’Aber Wrac’h après le lever du jour et nous avons tout notre temps. Après ce départ précipité, nous prenons une soupe dans le cockpit puis décidons de la répartition des quarts de nuit. Nous optons pour une durée de deux heures car la nuit est déjà bien entamée.
Comme prévu, nous approchons l’Aber Wrach peu après les premières lueurs du jour. Nous sommes accompagnés par plusieurs bancs de dauphins qui viennent nous amuser et s’amuser avec le bateau. Le spectacle est féerique. Les quelques bancs de brume matinale qui se sont formés ne nous empêchent pas de reconnaître le phare de l’île de Wrac’h que nous alignons avec une colline pour trouver notre chemin entre les rochers. Après le passage de la cardinale ouest dénommée « petit pot de beurre », nous entrons dans l’Aber. Une demi-heure plus tard, Lady Mi est amarré. Charlotte se réveille et nous prenons le petit déjeuner dans cet endroit que nous nous réjouissons de découvrir.
Les Abers sont des vallées envahies par la mer. Ici, le va et vient de la marée côtoie les flancs des collines. Lorsque nous arrivons dans un nouvel endroit, nous avons l’habitude de le découvrir à pied pour commencer. C’est ainsi qu’une balade improvisée en fin d’après-midi le jour de notre arrivée nous conduit au sémaphore. Cette bâtisse, autrefois dédiée à la surveillance de la navigation et aujourd’hui reconvertie en maison de la culture, domine l’aber et la côte environnante. Elle offre une vue imprenable. Ce premier contact avec cette région bien mystérieuse pour nous nous donne envie de rayonner davantage.

Nous louons deux vélos et un suiveur pour Charlotte. Une promenade de 35 kilomètres partagés entre chemins de pierres, petites routes goudronnées et malheureusement quelques segments de routes départementales nous conduit entre l’Aber Wrac’h et l’Aber Benoît. Nous y apprenons, tout en découvrant de superbes paysages, que la région est connue pour l’ostréiculture et la mytiliculture (culture des moules pour les incultes que nous étions). Nous parcourons également à pied un partie du GR 34, un sentier côtier, en direction de l’île de Wrac’h qui semble si proche mais que nous n’atteindrons jamais…


Enfin, notre séjour à l’Aber Wrac’h est l’occasion de formidables retrouvailles. En effet, nous y retrouvons Felix-Yann et son bateau, le Shanti Nagar. Félix-Yann et son épouse Romy, nous avaient accueillis sur leur bateau durant les vacances de pâques 2018 pour une formidable croisière entre Saint-Malo et les îles Anglo-Normandes. Peut-être sans le savoir à l’époque, Félix-Yann fait partie des deux ou trois skippers qui m’ont appris le plus. Notre façon d’aborder la navigation à bord de Lady Mi s’inspire encore très largement de son style qui reste toutefois inimitable. Non contents de nous donner quelques clés pour savoir comment aller d’un endroit à un autre en voilier, Félix-Yann et Romy nous ont aussi appris comment vivre sur un voilier, gérer l’avitaillement… C’est donc avec beaucoup de plaisir et d’émotion que nous nous sommes retrouvés à bord du Shanti Nagar pour une soirée galettes bretonnes au mouillage de l’Aber Wrac’h. Encore un immense merci à eux sans qui nous ne serions probablement jamais arrivés jusqu’ici. Il n’y avait pas de plus belle façon de terminer notre séjour.
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