Alderney (St. Anne)

Une chose qui est amusante lors d’un voyage comme celui-ci est que, dès que nous arrivons quelque-part, nous pensons bien sûr à visiter et profiter mais commençons aussi à réfléchir à quelle sera l’étape suivante et à préparer la navigation. Notre arrivée à Cherbourg n’a pas fait exception à cette règle. Le choix de Saint-Anne comme étape suivante a été motivé par plusieurs facteurs. Premièrement, à l’arrivée à Cherbourg, j’avais promis que les navigations suivantes seraient courtes. Deuxièmement, nous cherchons à faire une route relativement directe jusqu’à Camaret. Le passage par les îles anglo-normandes nous apparaît donc comme une suite logique.

La météo prévoit un vent de secteur ouest pour plusieurs jours. Ce n’est pas franchement l’idéal. Par contre, les courants dans cette région sont déjà assez impressionnants et en choisissant bien l’heure de départ, nous devrions nous retrouver sur un tapis roulant direction St Anne.

Nous larguons donc les amarres lundi premier Août vers 13h00 pour environ quatre heures de navigation. Comme prévu, le courant joue son rôle et c’est lui qui nous propulse jusque St. Anne. Nous sommes de surcroît chanceux avec le vent qui s’oriente légèrement au sud-ouest, ce qui nous est favorable pour le départ.

St. Anne est l’île anglo-normande la plus au large. A l’approche de la côte, le relief rocheux s’érige devant nous, découpant un paysage somptueux. Le port de Braye, le plus important de l’île, apparaît raisonnablement bien abrité. Nous espérions y trouver une bouée pour amarrer le bateau mais à notre grande déception, plus aucun corps mort n’est libre à notre arrivée. Nous mouillons donc l’ancre par huit mètres de fond et nos soixante mètres de chaîne sont nécessaires pour compenser l’importance du marnage (6m). La nuit est donc un peu difficile car le mouillage est rouleur et parce que je reste constamment préoccupé par le fait que l’ancre ne dérape pas malgré une bonne tenue sur du sable.

La taille de l’île est telle qu’elle peut être parcourue à pied en totalité. La nature nous y apparaît paisible mais porte les marques du vent qui la balaye et de la sécheresse. Nous y effectuons de très jolies balades le long du littoral qui est jalonné de forts pour la plupart construits à l’époque victorienne et puis malheureusement réinvestis durant les deux dernières guerres mondiales. Ces imposantes bâtisses nous rappellent à quel point les îles anglo-normandes furent un enjeu stratégique dans les conflits qui ont déchiré l’Europe au cours des derniers siècles.

Ce premier mouillage est aussi l’occasion pour nous de prendre contact avec les jeux d’eau. Jamais jusqu’alors nous n’avions eu l’occasion de nager autour du bateau. Même si le moment était symboliquement fort, nous aspirons quand même à des eaux un peu plus chaudes. Charlotte a aussi fait ses premières armes en paddle pour son plus grand bonheur.

Cherbourg

Après avoir passé quelques jours agréables à Dunkerque et finalisé la préparation du bateau, il est temps d’envisager la suite. Idéalement, nous aimerions gagner Cherbourg au plus vite. Néanmoins, la navigation entre Dunkerque et Cherbourg est longue, environ 180 miles nautiques et nous avons peu navigué cette année. Nous hésitons avant de nous lancer. Toutefois, je scrute les prévisions météorologiques. Une fenêtre de vent Est à Nord-Est se profile pour le mercredi 27 Juillet. Comme d’habitude, les deux modèles de prévision sur lesquels nous nous basons habituellement ne sont pas parfaitement concordants. Le modèle européen, qui a généralement ma préférence, annonce un vent soutenu mais maniable, entre 15 et 25 noeuds et une mer belle à peu agitée. C’est le type de conditions que nous recherchons. Par contre, le modèle américain global prévoit des pointes de vent à 30 noeuds et une mer agitée. Clairement, alors que nous n’en sommes qu’au début, nous souhaiterions éviter pour l’instant des vents trop forts et une mer agitée. Cette discordance renforce donc encore nos hésitations.

Nous décidons toutefois de sortir du bassin du commerce de Dunkerque avec l’écluse de 9h00 le 27/7. Nous mettons le cap vers Boulogne avec l’intention d’y réévaluer la situation en fonction de la force du vent, de l’état de la mer et de l’équipage. Le vent est très faible à la sortie de Dunkerque et nous commençons par faire deux heures de moteur. Après le passage de Dunkerque Ouest, le vent se lève. Nous nous plaçons au vent arrière et naviguons avec le génois tangonné en ciseau. L’allure est agréable et nous progressons assez rapidement jusqu’au gris nez que nous atteignons fin d’après-midi. Les conditions ont l’air maniables. Tout le monde va bien à bord. C’est décidé, on continue jusqu’à Cherbourg. Après un bol de pâtes bolo, je propose d’aller me reposer un peu en prévision de la nuit. Anne-Lise et Charlotte passent la soirée dans le cockpit. Je ne dors que d’un œil. Je dois me réhabituer aux bruits du bateau. Je me lève pour faire la vaisselle, contrôler la direction et la force du vent… Vers 21h00, je quitte définitivement ma couchette pour venir rejoindre Anne-Lise dans le cockpit. Nous passons une demi-heure agréable ensemble et puis elle part se reposer alors que je reprends la direction des opérations. Nous faisons une descente sud à sud-ouest en direction de Dieppe. Le vent est bien établi à près de vingt noeuds et la progression est rapide. Je dois modifier une première fois la route pour éviter un groupe de bateaux de pêche alors que la mer grossit peu à peu et devient franchement désagréable. La température chute également, m’obligeant à enfiler la veste de quart. Je tiens bon jusque minuit, heure à laquelle Anne-Lise me rejoint. Je reste un peu à ses côtés et nous empannons à nouveau pour reprendre un cap un peu plus favorable. Le vent nous aide toujours bien mais la mer s’agite. La concentration sur les manœuvres me rend un peu malade et je suis franchement soulagé de pouvoir aller me reposer.

Je ne dors à nouveau que d’un oeil car la mer est courte et croisée. Je rejoins Anne-Lise vers 3h00 du matin pour prendre le relais. Ce deuxième quart est beaucoup plus calme car je ne dois pas manoeuvrer. Je suis heureux de voir arriver la lumière du jour. Les vagues restent grosses et je conserve un fond de mal de mer. Anne-Lise me rejoint. Charlotte se réveille vers 9h00. Elle a la force de monter dans le cockpit prendre un petit déjeuner mais elle est franchement malade. La mer tarde à l’aplatir. Vers 16h00, le vent faibli. Nous roulons le génois et envoyons le spi, ce qui nous permet de récupérer une vitesse de 6 noeuds et rend les mouvements du bateau plus supportables. Malheureusement, l’embellie n’est que de courte durée car le vent tombe complètement après une heure. Impossible de maintenir les voiles gonflées, nous sommes contraints de tout affaler et de terminer la route au moteur. Nous amarrons à Cherbourg vers 21h00.

En résumé, nous ne regrettons pas d’avoir choisi cette fenêtre météo car elle nous a permis d’atteindre Cherbourg en peu de temps et sans faire trop de moteur. La mer a été plus désagréable que prévu et cela a pesé sur nos estomacs non encore amarinés.

L’infrastructure portuaire de Cherbourg est remarquable. La ville est agréable et offre diverses possibilités touristiques. Nous y visitons d’abord la cité de la mer. Il s’agit d’un musée moderne qui comporte trois parties: la visite du redoutable, un sous marin nucléaire Français, une exposition consacrée au Titanic et à son naufrage et enfin une exposition sur le milieu et l’exploration océanique. Nous profitons pour flâner un peu dans l’agréable centre ville. Impossible de passer à Cherbourg sans passer par la manufacture des parapluies  » Le Véritable Cherbourg » dont la visite vaut le détour. Nous terminons par la visite du parc Emmanuel Liai.

Cette belle étape est toutefois ternie par l’annonce du décès de mon grand-père maternel. Je lui souhaite beaucoup de paix dans son dernier voyage et toutes mes pensées accompagnent le reste de la famille.

A bientôt,

Gregory.

Dunkerque

Dunkerque est une ville agréable du littoral, chargée d’histoires, qui mérite une escale. La courte navigation pour y arriver nous a rappelé la force du vent, des vagues et du mal de mer. Le repos qui suit permet les derniers ajustements techniques (re-mise en route du moteur de l’annexe après sa noyade en eau salée, réglages de la navigation satellite, câblage en tout genre et autres joyeusetés). Charlotte s’amuse beaucoup avec la jeune voisine de ponton, de 2 ans son aînée. La plage de Malo-les-Bains est toujours aussi accueillante. Les châteaux sont sortis du sable et les cerfs-volants ont voltigé haut dans le ciel. La température de l’eau n’a pas freiné les filles.

Mercredi le vent tournera : cap vers la Normandie ou peut-être la Bretagne. Laisser le vent décider fait partie de la déconnexion.

C’est parti

Nous avons quitté la maison ce lundi. En dépit du fait que nous pensions avoir presque tout déménagé, il a fallu ruser pour arriver a faire rentrer la totalité de ce dernier chargement dans les sacs à dos. Après un trajet en train puis tram sans encombre, nous avons retrouvé le bateau comme nous l’avions laissé la semaine précédente. Chacun a procédé au rangement de ses derniers effets personnels et nous commençons à prendre nos marques à bord. Aujourd’hui mardi, nous avons fait un bon avitaillement dont nous espérons qu’il pourra nous offrir une dizaine de jours d’autonomie. A suivre… Soulagement, le bateau comporte de nombreux espaces de rangement que nous n’avions jamais exploités. Nous sommes confortablement installés et ne manquons pas de place.

Après avoir rangé tout ça, nous sommes partis pour un premier essai en mer. Nous nous limitons à une navigation d’une dizaine de milles. Nous calibrons le pilote, réalisons quelques virements de bord et rentrons au port. Le problème principal est qu’il nous manque toujours ce radeau de survie. Nous relançons les discussions avec le chantier qui a pris la révision en charge. Finalement, une solution est trouvée (merci Michel) et nous pouvons confirmer notre départ pour le 21 juillet.

Maman vient nous rejoindre dans l’après midi du 20. Nous passons quelques heures à bord et terminons la journée par un très agréable repas au restaurant du KYCN. Rendez-vous est pris pour le lendemain à 11h00, heure à laquelle le courant doit basculer vers l’ouest et le vent tourner au nord-nord-ouest.

Je dors mal, comme toujours la veille d’un départ. Nous nous levons sous un ciel gris. Le temps a l’air maussade. Il pleut et le vent est variable en force et en direction. Nous savions que nous ne partirions pas sous un grand soleil mais la situation semble pire qu’annoncée. J’hésite même à post-poser le départ. Je sais toutefois que Charlotte attend avec impatience de retrouver un bateau copain à Dunkerque qui sera notre première destination. Alors, je ne dis rien et nous attendons. Le ciel reste gris mais la pluie cesse. Le vent met du temps à tourner mais semble prendre une direction progressivement plus favorable. Nous préparons le bateau et l’équipage pour le départ. Maman, son frère avec son épouse et quelques cousins et neveux sont sur le quai. Après quelques mots d’explication et un au revoir, nous larguons les amarres et quittons la place.

La navigation jusque Dunkerque est très rapide grâce au vent et au courant favorable. Nous devons toutefois attendre quelques heures avant l’ouverture de l’écluse qui mène aux marinas du centre ville où nous retrouvons l’équipage de Tarumba en fin d’après midi.

Nous resterons à Dunkerque quelques jours, le temps d’attendre un vent favorable pour prendre la direction de Boulogne et puis Cherbourg.

Fin des préparatifs – départ en vue

Charlotte a passé une semaine chez ses grands-parents accompagnée de deux de ses cousins. Elle est rentrée enchantée et les photos partagées par sa grand-mère ne laissent aucun doute. Ils se sont amusés et entendus comme larrons en foire.

Pendant ce temps, nous avons effectué le second trajet vers Nieuwpoort. Objectif, finir de préparer et d’aménager le bateau. Lady Mi est maintenant gréé et pratiquement prêt à partir. Je suis assez satisfait de l’aménagent du plan de pont, c’est à dire de l’organisation de tous les bouts (cordes) qui permettent de manœuvrer le bateau. En effet, pour ce type de voyage, nous aurons probablement recours à de nombreuses configurations de voile. Nous avons donc du ajouter quelques manœuvres par rapport à ce qui était prévu à l’origine sur le bateau. Merci à Nicolas et à Alain du chantier Westdiep pour leurs conseils et leurs réalisations.

Dans ce type de préparatifs, il faut toujours compter avec quelques contre-temps et cette phase finale n’a pas fait figure d’exception à la règle. Premièrement, en allant rechercher le radeau de survie qui avait été envoyé pour sa révision triennale, nous avons connu la désagréable surprise de constater qu’il était perdu dans les arcanes du circuit de révision. Nous attendons des nouvelles avec impatience pour le début de la semaine. Il est évidemment hors de question de partir sans radeau. Nous espérons donc que cette mésaventure ne nous imposera pas de différer le départ.

Le deuxième problème est directement né d’une « maladresse » de ma part. L’histoire est tellement ridicule qu’il me faut, avant de la raconter, chercher des excuses dans la fatigue et la gestion des nombreuses contraintes qui entourent ce départ. Parmi les choses que nous devions vérifier, il y avait l’annexe et le fonctionnement du moteur hors-bord dont j’avais fait l’entretien il y a deux ans et qui n’avait pas tourné depuis. Nous gonflons donc l’annexe avec Anne-Lise et la mettons à l’eau. Elle n’a pas souffert du stockage. Nous installons ensuite le moteur qui démarre dès la première traction sur la ficelle. Tous semble aller pour le mieux hormis un petit problème de ralenti à régler. Pour une fois, c’est un peu trop facile. Alors je me relâche, je suis distrait, je glisse, je me rattrape et je fini par faire basculer l’annexe qui se retourne comme une crêpe, moteur dans l’eau… La blessure se limite heureusement à l’amour propre… Pour le moteur, nous consultons rapidement quelques forums. Ouf, nous ne sommes pas les seuls. C’est presque à se demander si ce type d’accident n’est pas un passage obligé tellement les posts concernant les moteurs noyés sont nombreux. En tout état de cause, nous le démontons presque complètement et nous le rinçons à l’eau douce. Pour être honnête, ça fait un peu mal de remettre de l’eau sur un moteur qui vient de se noyer mais ça semble indispensable. Nous procédons à la vidange du réservoir d’essence et de l’huile et puis nous laissons sécher le tout durant 48 heures. On le remonte, on tire quelques fois sur la ficelle et miracle… il démarre. Très vite, l’huile visible au niveau du témoin de jauge prend une couleur mayonnaise qui signe la contamination à l’eau du carter. On arrête la machine et on procède à une nouvelle vidange après laquelle on redémarre le moteur. On termine par régler le ralenti et le laisser un peu tourner. On croise les doigts, la mésaventure semble terminée.

Les préparatifs touchant à leur fin, nous entrons tous les trois progressivement dans le mode voyage. Une fenêtre météo se profile pour la fin de la semaine. Nous espérons donc partir jeudi à condition d’avoir pu trouver une survie et récupérer deux anodes de réserve pour l’hélice. A suivre…

Rien n’est jamais acquis…

On peut dire que nous sommes dans le dur des préparatifs. A ce stade, nous espérons toujours pourvoir larguer les amarres et débuter cette aventure d’ici une dizaine de jours. Nous progressons bien mais comme toujours dans la vie et a fortiori sur un bateau, il faut composer avec les retards et gérer les imprévus.

Nous avons consacré le gros des premiers jours de cette année sabbatique à ranger la maison. Il faut l’admettre, elle en avait besoin. Nous nous sommes ensuite rendus au bateau pour la mise à l’eau. Heureusement, Lady Mi a touché l’eau avec pas loin d’une heure de retard, ce qui nous a permis d’être présent.

Aller dans l’eau n’est pas tout. Il faut encore disposer d’une place pour s’amarrer. Celle que nous pensions avoir réservé n’est pas libre. Après quelques discussions, une place provisoire nous est finalement attribuée.

L’exercice suivant consiste alors à déménager le matériel et le linge qui emplit la voiture vers le bateau et espérer que chaque chose puisse trouver un place. Nous ramenons ensuite progressivement à la vie les différents système du bateau: eau douce, électricité, gaz… Le début de la soirée arrive très vite. Nous prenons un premier repas dans le cockpit. C’est la récompense pour les efforts consentis lors de la mise à l’eau et le rangement.

Le vent souffle assez fort la première nuit mais l’équipage dort bien. Le programme de cette première journée complète à bord est copieux:

  • Installation d’une cadène dans le cockpit pour permettre à l’équipier de quart de se capeler
  • Installation et configuration d’un multiplexer NMEA2000 -> NMEA0183 pour alimenter notre logiciel de navigation avec les données du bord.
  • Fermeture étanche du compartiment avant.
  • Entretien du moteur par Volvo
  • Remise en place du Lazy Jack que nous avons réparé cet hiver.
  • Et puis aussi et surtout quelques heures de nettoyage du pont et de l’intérieur.

Ce premier jour a bord comporte aussi ses premières surprises. Le groupe d’eau, qui semblait parfaitement fonctionner lors de notre arrivée la veille, refuse obstinément de se mettre en route le lendemain matin. Après vérification de l’alimentation électrique, je procède au démontage du groupe. C’est le pressostat qui semble « grippé ». Après quelques recherches sur internet et la visite de deux ou trois magasins d’accastillage nous devons conclure que le groupe est « obsolète » et que nous ne trouverons pas la pièce nécessaire à la réparation. Nous le changeons donc pour un neuf.

Une fois ces bricolages terminés, nous quittons le bateau pour passer le week-end à Liège. Au menu de la semaine prochaine:

  • Chargement du bateau 2/2
  • Placement de la nouvelle bôme et des voiles
  • Calibration du pilote automatique
  • Petits travaux « divers »

Ce n’est qu’un au revoir…

Jeudi 30 juin 2022, dernier jour de travail avant le début de ce grand projet. La journée commence de façon habituelle. Un peu avant midi, je ressens néanmoins un peu d’effervescence dans le bloc opératoire…

Lors d’un de mes allers-retours entre la salle et l’accueil du bloc, un de mes collègues m’oriente gentiment vers le réfectoire. La table y est dressée et une petite fête est organisée en l’honneur de mon départ. Moi qui pensais partir presque incognito en saluant discrètement les personnes rencontrées lors de ce dernier jour, c’est plutôt raté.

Un peu surpris et ému, je bredouille quelques mots de remerciement. Pour être tout à fait honnête, j’ignorais que lorsqu’on s’offrait le luxe d’abandonner son travail durant 14 mois au profit de ce qui sera les plus longues vacances de ma vie, on avait en plus droit à des cadeaux et une petite fête.

Même si nous aspirons à ce voyage de longue date, tous les témoignages que nous avons reçus au cours de ces derniers jours et a fortiori hier, montrent à quel point le milieu professionnel permet de faire de belles rencontres.

Ainsi, je voudrais remercier chaleureusement les collègues et amis avec qui m’ont témoigné leur soutien et leur affection. Afin d’être certain de n’oublier personne, il me paraît prudent de ne citer aucun nom… mais je pense tout particulièrement à l’équipe infirmière du bloc cardio, aux perfusionnistes, aux chirurgiens cardiovasculaires et bien sûr à mes collègues anesthésistes. Je remercie aussi pour leurs témoignages et leurs gestes les secrétaires du service. Pour les bons moments passés ensemble, je tiens également à saluer l’équipe du +1A et de l’USPA-réveil.

Première expérience de plongée scaphandre

Afin d’être le plus autonome possible dans la gestion des problèmes liés au bateau, je me suis posé la question, il y a quelques temps, de la nécessité ou non d’emporter du matériel de plongée. En effet, il peut être nécessaire de démêler un filet ou un bout coincé dans l’hélice ou d’effectuer un petit travail d’entretien ou de vérification sous la coque.

Je me suis dans un premier temps orienté vers les mini bouteilles de plongée. Il s’agit de bouteilles de 0.5 L voire un peu plus, gonflées à 200 bars comme les bouteilles de plongées classiques et qui sont en vente à peu près partout. Après une analyse un peu plus approfondie, je n’ai pas retenu cette solution. En effet, bien qu’il s’agisse de mini bouteilles destinées à la plongée loisir en eau peu profonde et principalement pour des non initiés, elles ont un coût substantiel. D’autre part, elle contiennent en moyenne une centaine de litres d’air, ce qui offre une autonomie très limitée, en particulier pour un plongeur novice.

Pour un tarif à peu près similaire, on peut obtenir une bouteille de plongée classique et un détendeur. La capacité des bouteilles est alors telle qu’elles doivent être remplies au moyen d’un compresseur de plongée, ce qui est possible dans tous les magasins dédiés. En contre partie, elles offrent une autonomie beaucoup plus importante sous l’eau. L’utilisation de ce matériel nécessite néanmoins une formation ad hoc. J’ai donc finalement pris la décision de suivre un cours de plongée scaphandre.

Pour des raisons de temps et de proximité géographique, mon choix s’est orienté vers la certification « Open Water Diver » du PADI. Le volet théorique de cette formation peut être suivi en ligne, ce qui était un avantage important pour moi. Après avoir complété cette formation théorique, la formation pratique consiste en cinq plongées en milieu protégé, c’est à dire en piscine suivies de quatre plongées en milieu naturel.

J’ai effectué les cinq plongées en piscine sur le site de Monte Mare en Allemagne. Un dimanche matin, j’y avais rendez-vous avec Michel, notre instructeur et deux autres élèves. Après quelques exercices de natation et de flottabilité, nous avons fait connaissance avec le matériel avant de respirer pour la première foi sous l’eau. L’expérience est aussi intéressante que déroutante. Les exercices de vidange du masque génère un inconfort auquel il faut s’habituer. Une fois passé ces premiers exercices, nous sommes descendu légèrement sous la surface de l’eau. Malheureusement, très vite, j’ai connu des difficultés à équilibrer mes oreilles. Il faut l’admettre, j’ai probablement été maladroit dans la gestion de la descente et de l’équilibration puisqu’il s’agissait de ma toute première expérience. Néanmoins, je suis remonté dès les premières sensations douloureuses et j’ai répété inlassablement la manœuvre de Valsalva et les mouvement de déglutition tout en descendant extrêmement lentement. En fait, l’instructeur et les autres élèves ont du m’attendre assez longtemps…

Nous avons réalisé, à une profondeur de trois mètres puis de dix mètres, toute une série d’exercices. En dépit des difficultés d’équilibration que j’avais éprouvé, j’étais plus que satisfait de l’expérience à la sortie de l’eau. Malheureusement, sur le chemin du retour, j’ai conservé une sensation d’oreille pleine du côté gauche. Cette sensation étant toujours présente le lendemain, un examen ORL s’est imposé. Diagnostic sans appel: hémotympan. Les plongées suivantes sont post-posées d’au moins quinze jours, le temps de laisser le tympan cicatriser.

Je tire plusieurs leçons de cette première expérience en plongée scaphandre. Premièrement, certaines sensations sont déroutantes, inconfortables et peuvent, chez certains, déclencher de véritables attaques de panique. Dès lors, avant de se lancer dans une formation de plongée, je recommande vivement de faire un baptême de plongée. Il permet de découvrir ces sensations et vous donnera ou non le goût d’aller plus loin. Deuxièmement, équilibrer les oreilles peut s’avérer plus complexe qu’il n’y paraît. Ce fût clairement mon cas. Afin de minimiser le risque d’un tel désagrément, un examen ORL pré-plongée me paraît utile. En outre, lors de cette toute première descente comme plongeur novice, j’ai été obnubilé par la gestion de la flottabilité qui est un réel défi et j’ai donc probablement négligé les premières équilibrations. On rentre alors rapidement dans un cercle vicieux où la mise sous pression du tympan rend l’équilibration plus difficile… Je conseillerais donc, pour une première descente, même très peu profonde, d’avoir recours à un support comme un corde pour gérer la descente dans devoir trop se préoccuper de la flottabilité et pouvoir se concentrer pleinement sur les manœuvres d’équilibration. Pour les plus fragiles, certains recommandent même de les débuter avant même de commencer la descente. Quelle que soit la manœuvre choisie, il est essentiel de bien ressentir ce « pop » au niveau des deux trompes d’Eustache, ce qui signe leur ouverture et l’efficacité de l’équilibration.

Pour ma part, contrôle ORL 15 jours après l’incident et puis nous verrons. Suite au prochain numéro…

La dernière ligne droite

A peine plus d’un mois nous sépare du départ. En effet, nous espérons bien larguer les amarres vers la mi-juillet, direction le Nord Pas de Calais, la Normandie et puis la Bretagne. Nous avons en effet prévu de consacrer les six premières semaines du voyage à descendre vers Brest à un train de sénateur, histoire de donner le temps à l’équipage de s’accoutumer à la vie de voyage et aussi et surtout de s’amariner en douceur.

Malheureusement, nous en sommes bien loin. J’avais prévu une semaine de congé pour avancer dans les « derniers » préparatifs du bateau et préparer la mise à l’eau. Tout ça était sans compter sur notre première rencontre avec ce fameux coronavirus. La semaine de vacance se transforme donc en semaine d’isolement et de léthargie.

Toutefois, à quelque-chose malheur est bon car entre les siestes nous avons pu avancer dans les dernières démarches administratives qu’il fallait accomplir avant le départ. Les trois petites semaines qui restent seront consacrées à récupérer de la fatigue infligée par ce satané virus et à satisfaire les dernières obligations professionnelles avant de nous lancer enfin à fond dans la préparation du départ. A très vite. Gregory.