
Une chose qui est amusante lors d’un voyage comme celui-ci est que, dès que nous arrivons quelque-part, nous pensons bien sûr à visiter et profiter mais commençons aussi à réfléchir à quelle sera l’étape suivante et à préparer la navigation. Notre arrivée à Cherbourg n’a pas fait exception à cette règle. Le choix de Saint-Anne comme étape suivante a été motivé par plusieurs facteurs. Premièrement, à l’arrivée à Cherbourg, j’avais promis que les navigations suivantes seraient courtes. Deuxièmement, nous cherchons à faire une route relativement directe jusqu’à Camaret. Le passage par les îles anglo-normandes nous apparaît donc comme une suite logique.
La météo prévoit un vent de secteur ouest pour plusieurs jours. Ce n’est pas franchement l’idéal. Par contre, les courants dans cette région sont déjà assez impressionnants et en choisissant bien l’heure de départ, nous devrions nous retrouver sur un tapis roulant direction St Anne.
Nous larguons donc les amarres lundi premier Août vers 13h00 pour environ quatre heures de navigation. Comme prévu, le courant joue son rôle et c’est lui qui nous propulse jusque St. Anne. Nous sommes de surcroît chanceux avec le vent qui s’oriente légèrement au sud-ouest, ce qui nous est favorable pour le départ.
St. Anne est l’île anglo-normande la plus au large. A l’approche de la côte, le relief rocheux s’érige devant nous, découpant un paysage somptueux. Le port de Braye, le plus important de l’île, apparaît raisonnablement bien abrité. Nous espérions y trouver une bouée pour amarrer le bateau mais à notre grande déception, plus aucun corps mort n’est libre à notre arrivée. Nous mouillons donc l’ancre par huit mètres de fond et nos soixante mètres de chaîne sont nécessaires pour compenser l’importance du marnage (6m). La nuit est donc un peu difficile car le mouillage est rouleur et parce que je reste constamment préoccupé par le fait que l’ancre ne dérape pas malgré une bonne tenue sur du sable.
La taille de l’île est telle qu’elle peut être parcourue à pied en totalité. La nature nous y apparaît paisible mais porte les marques du vent qui la balaye et de la sécheresse. Nous y effectuons de très jolies balades le long du littoral qui est jalonné de forts pour la plupart construits à l’époque victorienne et puis malheureusement réinvestis durant les deux dernières guerres mondiales. Ces imposantes bâtisses nous rappellent à quel point les îles anglo-normandes furent un enjeu stratégique dans les conflits qui ont déchiré l’Europe au cours des derniers siècles.
Ce premier mouillage est aussi l’occasion pour nous de prendre contact avec les jeux d’eau. Jamais jusqu’alors nous n’avions eu l’occasion de nager autour du bateau. Même si le moment était symboliquement fort, nous aspirons quand même à des eaux un peu plus chaudes. Charlotte a aussi fait ses premières armes en paddle pour son plus grand bonheur.
















